NO GUILT - transcription de bande vidéo. chez personæ

musique...

Susan Macpherson en studio: Tu cherches à partir pour un nouvel endroit, et il y a cette partie de toi que tu as laissée, et cette autre partie qui te retient. Viens ici ! Cela te traîne en arrière. - Ne fais pas ça ! - et tu cherches encore à trouver un meilleur espace, et ça ne marche toujours pas. Tu reviens enfin, tu a presque oublié la chose qui te traîne par derrière, et tu deviens très préoccupée par la seul partie qui reste, puis... tu a perdu cette partie aussi, et tu ne sais plus que faire. Tu entends ce bruit énorme, et tu réalises que c'est tout parti. Tu as tout perdu.

Susan Macpherson en interview: C'est difficile - c'est un ouvrage très personnel. Je me suis toujours sentie très proche de lui. Il y a quelque chose dans ce morceau qui parle de s'offrir à quelqu'un, aux gens. Je suppose que c'est vraiment, en partie, ce que c'est que cela veut dire que d'être danseuse. Je veux dire, c'est ce qu'une danseuse - que c'est ça toute la vie d'une danseuse. Tu es là, sur scène, et tu te donnes à .... (respire profondément)... Ceci est peut-être un peu trop difficile.

Susan Macpherson en studio: Te voilà. (rit)

Peggy Baker en interview: Je suis allée dans le studio avec Susan, et c'était, je crois, encore plus dur que je ne l'avais prévue (rit) en termes de m'engager dans l'ouvrage. Le style du mouvement était très différent de tout ce que j'avais fait auparavant. Et c'est un ouvrage très, très personnel, et je ne l'apprenais pas du chorégraphe, mais d'une interprète, la personne qui a servi à créer l'ouvrage. Il était donc très difficile de faire la distinction entre la danse et la chorégraphie. Paul-André devait démêler cela pour moi un peu.

Paul-André Fortier en studio: Si la pierre mènerait, dans l'espace, ici, et celle-ci va - celle-ci s'étend - et tu a alors l'opposition.

Oui, c'est très beau... Et ton corps va dans l'espace - oui, merveilleux... étire-toi, étire-toi ! C'est dur, dur.... (respire profondément).

Quand tu as perdu ta pierre là, c'était beau, parce que tout ton corps a suivi la pierre qui tombait là. Et il y a eu ce moment où je voudrais que tu sente que cette main est vide. Vide. Et puis quand tu t'es retournée ici, dans cette partie, te lançant dans l'espace et traînant cette pierre - c'était très fort. Et toute cette force justifie la chute.

Paul-André Fortier en interview: La danse ne se fait pas dans la tête, mais dans le corps. Je pense que Susan a très bien saisi cela dans la manière dont elle a exécuté le morceau. Elle ne racontait pas d'histoires. Elle ne se nourrissait pas d'images, de drames, de toutes ces conneries. Elle exécutait tout simplement.

Paul-André Fortier en studio: Et tu vraiment, vraiment ouvres l'espace avec toute cette partie de ton corps - oui. Et laisse jouer les cordes. Et tu dois essayer plus, plus avec cette partie, et tendre le bras vers le haut en même temps - oui. Et tu vas passer au-dessus de quelque chose et tomber. Laisse-toi aller - ça va plus loin, plus loin - et oui. Magnifique.

Ouvre tes bras - les pierres vont les tirer vers l'arrière. Plus elles tirent vers l'arrière, plus tu ouvres de l'espace devant toi. Et tu arrives au point où c'est trop. Tu tombes. C'est comme - il y a une falaise, et - paf ! De là, ce qui entre dans l'espace, c'est que - ah... Les bras suivent le dos tout simplement.

musique...

Paul-André Fortier en studio: Le même sens de cécité que tu as donné dans ceci, le même sens d'espace avec le corps, et non seulement avec la main. Tu dois juste étendre le bras avec - déplace le corps avec la main, comme ça, et même si tu retires la main et reprends avec l'autre main, n'oublie pas d'engager le corps. Et pendant que tu étends le bras là, cette partie s'éloigne de ce que tu cherches à saisir.

musique...

Paul-André Fortier en studio: Il faut juste trouver - j'ai dit que c'était le dos - O.K. - oui. Tu vois, maintenant tu l'as fait. C'était très clair.
Peggy Baker: Oui, c'était très différent.
Paul-André Fortier: La derrière qui mène, et le dos qui suit la derrière. C'était très clair.
Peggy Baker: D'accord, O.K. (Les deux rient.)
Paul-André Fortier: Tu sais, c'est ce que je veux voir - où le mouvement commence, et ce qu'il entraîne avec lui. C'était très joli.
Peggy Baker: O.K.
Paul-André Fortier: O.K. Et puis tu as cette partie-ci -
Peggy Baker: (trébuche sur la caméra) Ah !
Paul-André Fortier: Attention !
Caméraman: Ça va ? Tu ne t'es pas fait de mal ?
Peggy Baker: Non, ça va. Je m'excuse.
Caméraman: Ne t'en fais pas pour moi. (rit)

Paul-André Fortier en interview: Je crois que mon rôle est de l'aider à écouter le mouvement et d'écouter les émotions du mouvement; d'écouter la sueur, de danser avec la sueur, de danser avec les difficultés du morceau. Il y a des choses techniques, des pirouettes, qui sont très difficiles, des pas hors de l'équilibre qui sont très difficiles. Elle a presque le même genre de problème que Susan avait au départ. C'est un peu comme si elle parle une langue qu'elle n'a pas encore maîtrisée.

Paul-André Fortier en studio: Laisse partir l'énergie. C'est juste comme - ploc ! On se débarrasse de quelque chose. Oui !
Peggy Baker: O.K.
Paul-André Fortier: Il faut juste - paf ! Oui. Et de là, tu vas -
Peggy Baker: Je tourne.
Paul-André Fortier: Juste fais ceci - oui. C'est l'entrée dans l'espace. C'était très bon. C'était très bon parce que nous pouvions voir ton corps, comme.... (rit)
Peggy Baker: C'est un moment très difficile.
Paul-André Fortier: Ah, cela devrait être un grand moment. (elle rit) Parce que - ah.
Peggy Baker: Oh. (rit)
Paul-André Fortier: Ce n'est pas amusant ?
Peggy Baker: (Rit) Non.
Paul-André Fortier: Pourquoi ? Tu tombes...
Peggy Baker: C'est juste le contraire, pour moi, (rit) de tout ce qui peut être amusant.

Paul-André Fortier: Alors, essaie ceci, et ne t'en fais pas. (elle rit) Le pire qui peut t'arriver, c'est que tu tombes sur la derrière, parce que ton instinct t'empêchera de tomber sur la tête. Tu feras - paf.
Peggy Baker: D'accord.
Paul-André Fortier: D'accord ?

Peggy Baker: Cela serait très amusant pour moi si je n'avais pas besoin de me protéger. (rit)
Paul-André Fortier: Oui, mais si peut-être tu te laissais aller un peu, et sache - ne t'inquiète pas de ce qui arrivera par la suite.

Paul-André Fortier: Essaie juste de faire ceci.

Paul-André Fortier en interview: Elle tombe, elle tombe sans cesse, et elle est aveugle. Tout ce qu'elle doit faire est d'écouter profondément ce fait, et de laisser ce fait la mener à sa propre âme, et non pas imposer une âme artificielle. Elle doit être juste là, être Peggy Baker, et écouter le corps - le grand corps qui tombe dans l'espace.

Paul-André Fortier en studio: Tu te reprends et cela te prend - paf ! Clac ! Quelque chose se passe ici - nous devons commencer par trouver d'abord ce qui va dans l'espace. Il faut juste voir quelle partie du corps devrait aller - est-ce ton ventre ? Oui.

Et même regarde ton ventre ici, pour tenir quelque chose là, et le ventre croît,et tu ne veux pas qu'il se manifeste, et il croît encore. Et - c'est tout.
Peggy Baker: O.K.

musique...

Paul-André Fortier en studio: Oui, il faut juste le faire lentement, il faut le marquer pour moi pour que je l'apprenne. Oui. Oublie les bras complètement. Tu as ce bras ici, puis oublie les bras, baisse le torse et tend le bras. À partir d'ici - est-ce que ça va ?
Peggy Baker: (rit) Oui, O.K.
Paul-André Fortier: Car ton poids va te porter ici - la tête la première. Il y a (frappe) un pilier ici.
Peggy Baker: D'accord. (ils rient)

musique...

Peggy Baker en interview: Il y a un moment où la femme tient la pierre, elle la berce, la réconforte. Puis elle veut nourrir la pierre; elle sort son sein de sa robe, puis allaite la pierre. Moi je pensais « cela va être très difficile pour moi » car je n'avais jamais découvert mon corps ainsi sur scène auparavant. J'étais donc très surprise de constater qu'au moment où il fallait faire ces choses, telles que prévues dans la chorégraphie - elles s'imposaient.

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Susan Macpherson en interview: Quand je dansais, je n'avais pas d'idée très exacte - je ne cherchais pas à préciser, dans mon esprit, ce que le personnage faisait au juste pendant que je dansais. J'étais tout simplement dans le mouvement, physiquement.

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Paul-André Fortier en interview: Ce n'est pas une histoire qui est racontée de femme qui est aveugle et qui prend ces pierres pour ses enfants. C'est un ensemble de choses... C'est là où il rejoint une forme de mythe. C'est une forme de Sisyphe au féminin si on veut.

musique...

Peggy Baker en interview: Comment je m'occupe du fardeau ou du poids de mon image de moi-même et de mon identité sexuelle et mon expérience : il n'y a pas, pour ainsi dire, de côté moral; il n'y a pas de reproches à faire. Je ne peux pas être coupable; le fait d'être femme ne me rend pas coupable.

musique...

Susan Macpherson en interview: Dans la première version de l'ouvrage, il y avait un second personnage, qui a paru à la toute fin de la danse. C'était un gardien - une sorte de personnage menaçant qui est arrivé juste à la fin et a braqué une lampe très brillante sur le visage de la femme. Ce personnage avait l'air de menacer la danseuse.

Paul-André Fortier en studio: Et quand tu tournes le dos ici - juste ici c'est la culpabilité, et ici c'est la non-culpabilité.

Susan Macpherson en interview: À la fin elle dit, « Non, je ne suis pas coupable; ce n'est pas de ma faute. »

Paul-André Fortier en studio: Ici, tu - et ici il y a un peu - et tu décides de - c'est ici que tu décides de foncer, et tu enlèves ceci. Et tu dis, « Ne cherchez pas à m'éblouir avec la lampe. Je suis non coupable. »

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Susan Macpherson en studio: C'était parfait. (rit)


Traduction par James Boake